Bébés sourires

Nos regards se sont croisés ! J'aime ces moments-là : lui, dans les bras de sa mère, du haut de ses "pas-beaucoup-plus-que-neuf-ou-dix-mois", et moi du haut de mes 47 printemps. Lui, à quelques dizaines de mètres de moi, emmitouflé jusqu'au bout du nez pour affronter la froidure de décembre, et moi, en sueur après mon traditionnel jogging autour du lac du héron. Ses parents ne se sont aperçus de rien, instant qui n'appartient qu'à nous seuls !

J'aime ces moments où les hasards de la vie nous font tisser de fugaces liens visuels avec les bébés : dans la rue ou le métro, dans une file d'attente...

Le scénario est toujours le même : les regards se croisent par hasard, et prennent soudain appui l'un sur l'autre... Instant d'hésitation... Dans le fond de l'œil, un sourire timide est alors esquissé, qui va s'épanouissant sur le coin des lèvres. Naît une complicité, parfois sous l'œil attendri de la mère qui enrichit alors la palette. Qu'elle est belle, la vie, quand elle est contagieuse !

Je suis toujours impressionné par la puissance du regard des "tout-petits" ! Quel aimant intérieur nous y attire, fascinés ? Pour croiser leur regard, il vaut mieux savoir nager ! La plongée se révèle souvent abyssale, fenêtre ouverte sur le mystère !

"Le monde a la beauté
du regard qu'on y pose
le jardin de Monet,
le soleil de Renoir,
ne sont que le reflet
de leur vision des choses,
dont chacun d'entre nous
peut être le miroir"

J'aime bien les paroles de cette chanson d'Y. Duteil sur les impressionnistes. Elles suggèrent une véritable philosophie de la vie : le monde, les gens qui m'entourent, nos proches, ma voisine avec une grosse verrue sur le nez, mon collègue de boulot ventripotent, tous, sont beaux du regard que je pose sur eux... Rude responsabilité !

Il n'empêche ! Il se pourrait bien qu'un des secrets du bonheur réside dans notre capacité à déployer une attitude contemplative.

Mais je ne suis pas peintre... Problème ! Il me faut donc trouver le mode original qui reflètera ma propre vision des choses ! L'heure étant résolument à Internet, pourquoi pas un "blog impressionniste" ? Oui! à la réflexion, ça doit être jouable. Il suffit de remplacer les couleurs par des mots, et la peinture par l'écriture...